Les troubles de l'opposition et de l'attachement chez l'enfant et l'adulte en devenir
Les troubles de l’opposition
Il arrive régulièrement que des
parents viennent en consultation à bout de souffle avec leur enfant présentant des troubles de
l’opposition.
Epuisant pour les parents qui ne
savent plus quoi faire ; épuisant pour les enfants qui dans le silence et
derrière leur carapace souffrent de punitions, exclusion ; épuisant pour
les enseignants qui ne savent plus comment s’y prendre… Les troubles de l’opposition
mettent tout le monde à mal.
Les troubles de l’opposition trouvent
leur racine narcissique dans la psychopathie et le « soi grandiose ».
Le développement du « soi grandiose » vient se construire sur la base
de trop grandes gratifications puis de privation importante qui génèrent une
intolérance à la frustration et qui met à mal l’estime de soi. On retrouve ce
type de dysfonctionnement chez des parents qui vont sur-valoriser leur enfant,
puis les gratifier de récompenses importantes, ou leur donner beaucoup d’attention
et d’amour, puis alternent avec des périodes de fortes punitions, de privation,
de disqualification en lien avec leur épuisement, leur lassitude. L’enfant se
construit alors avec une image de lui distordue qui oscille entre une image de
soi grandiose et le sentiment d’être profondément nul.
Leur envie de détruire est
réactionnelle à un sevrage mal supporté ou une séparation mal négociée. L’enfant
que l’on pousse à grandir trop vite, qu’on laisse seul, que l’on repousse par
des gestes ou des mots, qui se sent comme un poids, va faire passer sa colère
et le souhait de restaurer son intégrité dans la destruction. Le vol va faire écho
à un paradis perdu. L’enfant va tenter de retrouver en le volant ce qu’il
estime qu’on lui a pris, ce dont il a été privé. Il va tenter de rétablir la
dette ; son sentiment de donner et de ne pas recevoir est grand, sa
pulsion va se transformer en envie de posséder gratuitement et de voler.
Quels sont les symptômes que l’on
retrouve dans le trouble de l’opposition ? Ils sont nombreux…
-
Discours auto-référencé « moi, je ».
-
Egocentrisme, ramène toutes les conversations à
lui.
-
Sentiment de grandeur ou de supériorité.
-
Incapacité à dépendre des autres, dépendre est
insupportable.
-
Incapacité à avoir de l’empathie.
-
Difficultés dans les relations approfondies ou
suivis : mise en échec.
-
Cherche à rendre l’autre dépendant de lui, pour
être certain de ne pas être abandonné.
-
Absence de confiance en l’autre.
-
Idéalisation de l’autre alterné avec des phases
de dénigrement de l’autre.
-
Hyper investissement des croyances comme des étendards
identitaires
-
Rigidité relationnelle avec des liens fondés sur
l’insatisfaction
-
Met en échec l’entourage quand il s’agit de s’occuper
de lui
-
Lutte contre l’angoisse d’abandon.
Si je travaille rarement avec des
diagnostics relevant du DSM5, et davantage avec l’expérience et le vécu de mes
patients, j’utilise malgré tout, les théories de l’attachement qui sont, quand
on les connait bien, un support à des outils redoutablement puissants pour soigner les
troubles de la relation à l’autre.
Voici à quoi ressemblent la théorie de l'attachement:
Bébé
SECURE = Adulte sécure autonome.
Bébé
EVITANT (ignore la mère ; les parents rejettent les demandes d’attachement)
= Adulte rejetant, incapable de créer un lien durable. Et intolérant aux
affects positifs.
On va d’abord travailler sur les
affects positifs et encourager leur tolérance.
Bébé
ANXIEUX AMBIVALENT (détresse au départ de la mère et accroché sans
apaisement à son retour ; les parents sont indisponibles, imprévisibles,
interviennent trop sur les tentatives d’exploration) = Adulte préoccupé à
retenir l’attention et l’attachement de l’autre.
On va plutôt limiter le récit de
l’histoire familiale et installer des ressources.
Bébé
DESORGANISE (s’approche de la mère et s’immobilise, se fige ;
les parents sont effrayants par leur comportement de façon durable avec des
périodes prolongée de maltraitance) = Adulte désorganisé (trouble dissociatif
de le personnalité).
On va ici plutôt déplacer le
recueil d’histoire sur l’exploration de la structure interne du soi en
travaillant sur la coopération entre les parties dissociées. Le travail sur les parties d’un TDI (trouble
dissociatif de l’identité) n’est pas la même chose que le travail des parts que
l’on peut faire parfois en EMDR. Travailler sur les parts ne signifie pas forcément
souffrir d’un TDI.
En systémie on va d’abord
comprendre ce qu’il s’est joué dans l’histoire familiale. Comment les parents
ont appris à être en relation, de quel trauma ils ont souffert. Nous allons
travailler sur ce qui est transgénérationnel, puis sur les places de chacun, la
façon de communiquer, de poser des règles dans la famille, etc. Nous allons explorer ce que vit chaque membre de la famille et nous appuyer sur les ressources de chacun pour faire et expérimenter autre chose.
Puis en EMDR nous allons
travailler sur les blessures d’attachement (LEEDS) et réparer ce qui se dessine
en creux dans le sentiment d’être relié. L’EMDR va permettre de désensibiliser
toutes les situations perturbantes en lien avec un attachement difficile ;
puis de reprogrammer, de recâbler dans ses réseaux de mémoires, dans ses
informations stockées, des souvenirs, des informations plus fonctionnelles,
plus adaptées.
Chacun dans la famille doit se
mettre au travail pour assainir ses relations de façon concrète et dans le
présent; et l’EMDR en individuel avec un parent ou un enfant, constitue un
support au soin qui va permettre de grandir avec une meilleur version de soi-même.
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