Haut potentiel Zèbre hypersensible ?





Le haut potentiel fait l'objet de beaucoup d'idées reçues. Est-on plus sensible, avec des pensées qui tournent en boucle, a-t-on une pensée particulière, plus de colère, de sentiment d'injustice, etc...?

Le haut potentiel...Une personne avant tout brillante.
La plupart des enfants ou des adultes avec un haut potentiel sont identifiés dans le cadre de difficultés. On a donc créé une représentation du haut potentiel en lien avec une souffrance et des émotions difficiles à gérer. C'est en vérité peu représentatif des hauts potentiels identifiés dans la population générale.

Plus performants, rapides, intéressés par des sujets complexes, un peu plus créatifs, plus ouverts à la nouveauté et donc plus curieux que la moyenne de leur groupe d'âge, beaucoup de hauts potentiels réussissent bien leur parcours et sont brillants.  Seul 1% des hauts potentiels échouent au brevet. 

Les hauts potentiels ne vont pas plus mal que la moyenne. Il n'y a pas de corrélation entre le score du QI et l'hypersensibilité ou l'échec scolaire. Les dernières études scientifiques internationales le démontrent:  une personne haut potentiel n'est pas forcement hypersensible ou émotif.

Haut potentiel et adaptation sociale.
En revanche il peut y avoir du rejet social car il est moins bien vu de réussir et d'être intelligent au collège notamment. Même si certain utilisent leur capacité d'adaptation pour se fondre dans les groupes. Aussi, réfléchir plus vite, connaître plus de choses, s'intéresser à des sujets complexes et pointus, ne va pas être l'apanage de l'ensemble des enfants scolarisés ayant le même âge. Il peut donc y avoir un sentiment de solitude, d'absence de relation ou de complicité autour des centres d'intérêts. Il peut aussi y avoir une avidité à apprendre, dans laquelle les autres enfants ne vont pas se reconnaitre.

Enfin l'intelligence mesurée avec le test du QI est centrée sur certaines capacités cognitives et le test ne mesure pas d'autres formes d'intelligences comme l'intelligence naturaliste, musicale, kinesthésique, etc. 1 Par exemple, un enfant ou un adulte ne va peut-être pas avoir un score très élevé aux tests d'intelligence mais va avoir une prédisposition hors norme à entrer en relation avec tout ce qui touche à la nature, il saura alors s'occuper des animaux, des plantes, des arbres... Ou bien il aura développé une intelligence kinesthésique qui lui permettra de devenir un sportif de haut niveau. 

Haut potentiel... 130 ou pas 130 ?
On doit le test du QI (quotient intellectuel) à Alfred Binet. L'inventeur des premiers tests. Aujourd'hui ces tests sont différents. Ils ont été revus et corrigés, mais également raccourcis. On fixe le seuil de 130 pour parler de haut potentiel. Mais ce seuil à été fixé arbitrairement. Nous aurions pu également fixer 120 et les résultats auraient été différents.

Des années de recherche montrent que le chiffre de 130 n'est pas le plus important. Avec de la fatigue, du stress on peut avoir des performances moindres. On se situe donc sur un intervalle de confiance à plus ou moins 10 point. Le plus important va être les spécificités du fonctionnement cognitif car à QI égal on peut avoir un fonctionnement cognitif différents. Le test du qi est parfois le miroir aux alouettes, le chiffre est moins intéressant que les différentes capacités cognitives qu'il révèle, et plus encore les différentes intelligences. Par exemple, deux personnes avec un score total identique peuvent très bien avoir un score très élevé en matière de compréhension verbale pour l'une et un score très élevé en perception visuo spatiale pour l'autre. l'une peut avoir une préférence d'apprentissage visuelle, l'autre auditive, etc. Et chacune pourra connaître ses appétences cognitives, ses points faibles et ses points forts.

Et le test...combien ça coûte?
Les tests sont le WISC 5 pour les enfants et la WAIS 4 pour les adultes. Le test nécessite un entretien clinique et d'analyse de la demande préalable, de tenir compte du temps de passation qui comprend une pause ou non, l'analyse des résultats et la rédaction du bilan, un temps de restitution. En moyenne selon Doctolib, les tarifs varient entre 250 à 500 euros en fonction du type de professionnel. 16% des psychologues le propose sur Doctolib.

Pour le professionnel, cela prend beaucoup de temps, il faut faire une évaluation globale, mettre une fourchette et non pas un QI définitif, tenir compte du contexte global de la personne, donc faire une anamnèse et un premier entretien clinique. 
Aussi, il est important de mettre en lumière les scores observés (QIT, scores élevés à un ou plusieurs indices) avec une approche clinique lors de la passation et la demande initiale des parents. La plainte était-elle d'ordre cognitive ? Émotionnelle ?  Sociale ? Attentionnelle ? Les ressources de l'enfant mises en avant par l'outil ont-elles un impact direct sur l'enfant ? A-t-il été adapté pendant la passation (respect des consignes, du cadre..) ? Est-il resté concentré tout au long de la passation ? 
Ensuite vient le temps de l'analyse des résultats et de la rédaction du bilan qui prend 3 heures au moins. Enfin un temps de restitution pour les parents désireux de comprendre le rapport est également à prévoir.
Les professionnels qui proposent seulement un chiffre sans tenir compte d'une évaluation globale ne proposent pas une étude sérieuse du potentiel intellectuel.

De l'importance de l'analyse de la demande.
C'est pourquoi il est fondamental de choisir sur un professionnel sérieux qui saura avant tout analyser votre demande et vos besoins. Il arrive que certaines personnes présentent une description de leur enfant avec des symptômes multiples qui ne sont absolument pas corrélés avec un haut potentiel. Par exemple, une hyper-anxiété, un TOC, une phobie scolaire...ne sont pas corrélées avec le haut potentiel. Seul un professionnel sérieux saura distinguer les deux (le haut potentiel et les symptômes) et vous aiguillera sur la nécessité ou non de faire le test, mais aussi de prendre en charge les troubles associés.

Haut potentiel... Et alors?
Parfois, la question importante à se poser est : si l'enfant ou l'adulte évalué est haut potentiel, quels sont les impacts, qu'est-ce que cela change pour lui, ou pour sa famille ?
Il faut bien tenir compte des effets de l'annonce. Comment ce sera de connaître son potentiel, et si on est haut potentiel...comment porter cette étiquette, fera-t-elle souffrir ou non, sera t-elle accompagnée et par qui, quelle influence cela aura sur le parcours scolaire ? A l'inverse, si l'enfant ou l'adulte ne sont pas haut potentiel ou s'il présente un score très faible, comment cela sera t-il vécu, quelle sera l'impact sur l'estime de soi, la représentation de l'enfant dans sa famille, auprès des parents, comment sera t-il ensuite considéré ou déconsidéré?

En somme, évaluer son potentiel n'est pas anodin et doit faire l'objet d'une réflexion sérieuse, accompagnée par un professionnel qualifié et sérieux.

1 https://www.ac-strasbourg.fr/fileadmin/pedagogie/biotechnologies/PAF/PAF_2016-17/3._b_Descriptions_des_Intelligences_Multiples.pdf

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