En souffrance? Quoi que vous fassiez, n'allez pas à la plage.
Réimpression de mars/avril 2000, article issue de :
« Enjoy, Whole Health
Magazine ».
San Antonio
Texas
En souffrance ?
Quoi que vous fassiez, n’allez pas à
la plage.
De
Shirley Jean Schmidt, MA, LPC.
Traduit
de l’Américain par Emmanuelle GERNET, avec l’aimable autorisation de l’autrice.
La visualisation guidée est une
technique courante de la gestion de la douleur. Cela donne quelque chose comme
ça : « Imaginez-vous sur une belle plage, loin, très loin, par une
belle journée ensoleillée. La température de l’air est idéale et il y a une
brise parfaite. Tandis que vous vous voyez étendu sur la plage, vous vous
sentez de plus en plus détendu. Vous êtes si détendu que vous ne ressentez plus
aucune douleur ; en fait, vous pourriez même avoir l’impression de ne plus
avoir de corps du tout ».
Cela
semble merveilleux, n’est-ce pas… calmant, relaxant et loin des douleurs dérangeantes.
Je pense que ce type de visualisation guidée pour gérer la douleur est une
erreur. Tout à fait ! Une erreur ! De mon point de vue, les avantages
qui en découlent sont de courte durée et ont un prix élevé à long terme. L'histoire
suivante est une analogie :
Une
jeune maman est restée à la maison toute la journée avec son nourrisson. Il s’est
mis à crier sans s’arrêter pendant des heures et elle est épuisée. Fatiguée d’écouter
les hurlements, elle se dit qu’elle pourrait juste aller se promener. Elle met
ses Nike et sort par la porte d’entrée. Plus elle s’éloigne de la maison et
plus c’est calme, et très vite elle se sent beaucoup mieux. Elle finit par se
dire qu’elle devrait retourner à la maison. Elle prie pour que les bruits se
soient arrêtés quand elle sera de retour, mais hélas, plus elle approche de la
maison, plus elle entend son bébé crier. Elle souhaiterait ne pas avoir à y
retourner, mais maintenant elle est bien obligée. Elle sait que pour le
meilleur ou pour le pire (probablement le pire) elle sera liée à son pénible
fils pour les années à venir.
Comment
imaginez vous que son bébé se sente ? Abandonné, trahi, en colère,
insécurisé ? Bien sûr ! Et on est bien d’accord pour dire que ce type
d’abandon est scandaleux. Maintenant considérez qu’un bébé et un corps ont
beaucoup en commun. Un bébé dépend de ses protecteurs pour tout -nourriture,
logement, chaleur, amour, sécurité. De la même manière, votre corps dépend de
vous pour lui fournir les mêmes choses. Un corps avec personne aux manettes, ne
durera pas longtemps. Et un corps, comme un bébé, a besoin d’amour, et d’un
protecteur attentif.
Donc, vous
pourriez vous dire que se détendre sur la plage c’est comme un soutien.
Peut-être que ça l’est et peut-être que cela ne l’est pas. Regardons de plus
près…. « Tandis que vous vous voyez étendu sur la plage, vous vous sentez
de plus en plus détendu. Vous êtes si détendu que vous ne ressentez plus aucune
douleur, en fait, vous pourriez même avoir l’impression de ne plus avoir de
corps du tout ». Hmmm… Je me demande comment le corps se sent avec ça. Je
pense que le corps se dit ce qui suit. « Oh, zut, elle vient de se
déconnecter de moi. J’essaye de me faire entendre toute la journée et elle me raccroche
au nez. Je vais continuer à l’appeler jusqu’à ce qu’elle finisse par me prêter
attention ! ». Avec le temps, ce qui suit, est assez prévisible. La
personne continue de se déconnecter de son corps, et le corps hurle
profondément sa douleur, créant un cycle vicieux.
Bien
évidemment, s’évader à la plage n’est pas la seule façon de se déconnecter de
son corps. Les autres façons de le faire comprennent la drogue, l’alcool, la
distraction et les astuces mentales pour bloquer la conscience du corps. Il
n'est pas étonnant que nous soyons si nombreux à être friand de ces méthodes. Notre
culture nous vend constamment des idées et des produits qui renforcent le
paradigme de la déconnexion. On nous apprend à dominer l’ennemie, se battre
avec ce que l’on n’aime pas ! On nous dit, « Si vous souffrez, battez-vous,
dominez votre souffrance, supprimez-la, ne la laisser pas gagner ! ».
Ok, je conçois
qu’il y a un temps et un lieu pour combattre l’ennemie et dominer l’adversaire.
Avoir des cafards dans la cuisine, c’est le bon moment pour appliquer ces
principes. Mais, selon moi, la souffrance du corps ne devrait pas être sous-tendue
par ces paradigmes. La gestion de la douleur devrait plutôt être comparée à la
prise en charge d'un enfant effrayé ou au réconfort d'un bébé malade, avec
compassion et douceur, et surtout en restant bien connecté à son corps !
Nous sommes
conscients que la douleur et la souffrance vont de pair. Mais je propose que l’on
ne fasse pas d’amalgame. La douleur est
une sensation physique d’inconfort, alors que la souffrance est une relation
négative avec cet inconfort. Que se passe-t-il lorsque l’on apprend à avoir une
relation positive et soutenante avec notre douleur ? Je vous le dis…La
souffrance s’en va, la douleur s’en va, et la guérison est renforcée.
Voici comment
cela marche. Pensez à une partie de votre corps douloureuse maintenant, ou si
vous n’avez mal nulle part, pensez à une partie de votre corps avec laquelle
vous n’êtes pas bien quelque soit la raison. Portez votre attention à cet endroit…Et
imaginez que vous dirigez votre inspiration exactement à cet endroit de votre
corps. Imaginez cette inspiration pleine d’amour, de compassion, impartiale,
qui nourrit cette partie de votre corps. Dites-lui : « Salut mon corps,
comment vas-tu ? Tu es très précieux pour moi. As-tu besoin que je t’apporte
quelque chose aujourd’hui ? S’il te plait, fait moi savoir comment je peux
t’aider … Et merci pour ces années de services. » Comment votre corps se
sent maintenant ? Vous allez ressentir qu’il est étonnamment plus détendu à
présent.
Alors vous
vous demandez comment cette relaxation est différente de celle qui vous emmène
à la plage ? Tous ceux qui s’évadent à la plage avec des images mentales émettent
l’hypothèse que la douleur, comme les cris d’un bébé est une nuisance malvenue.
La plage est une échappatoire à l’intolérable douleur.
Mais je dis
que c’est tolérable ! Pas tolérable "en serrant les dents", mais
tolérable "en ouvrant son cœur". Dirigez de la bonté et de l’amour,
comme un rayon laser, sur l'inconfort de votre corps. Je vous promets que vous
vous sentirez naturellement mieux et que vous renforcerez un lien avec votre
corps qui durera toute une vie... Et c’est bon pour tout ce qui vous fait
souffrir.
Shirley Jean
Scmidt, MA, LPC, est une psychothérapeute en cabinet privé spécialisée dans le
traitement des adultes souffrants de traumatismes, de dépression, d'anxiété, de
maladies chroniques et de douleurs chroniques. Elle est thérapeute EMDR
certifiée et consultante EMDR. Vous pouvez la contacter à l'adresse suivante :
8535 Wurzbach
Road, Suite 215
San Antonio,
Texas 78240 210-561-9200
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