Solastalgie, eco-anxiété
Solastalgie, eco-anxiété :
Pour cette nouvelle année je souhaite évoquer avec vous un sujet qui me tient à
cœur et qui fait maintenant l’objet de nombreuses demandes de psychothérapies :
la solastalgie. La solastalgie (ou éco-anxiété) est une forme de souffrance et
de détresse psychique ou existentielle causée par les changements
environnementaux. Je vais aborder ici ce qui fait blocage dans le changement
mais aussi des pistes de déblocage. Ces pistes sont générales et ne s’inscrivent
pas dans la lecture toute personnelle et intime d’une histoire. Ces pistes
peuvent faire écho à des besoins qui n’ont pas de lien avec le sujet de
l’environnement. Chacun y trouvera l’inspiration et la résonance dont il a
besoin pour sa propre thérapie. Et pour vous parler de ce sujet, je vous invite,
pour commencer, à regarder ce documentaire-conférence : « climat, tous biaisés ?
» Avec l’excellent Albert Moukheiber.
https://www.youtube.com/watch?v=wfiE1uj7Y6o Il y parle de ce qui nous empêche d’agir dans des situations délicates ou
périlleuses ; et en l’occurrence il évoque ce qui nous empêche d’agir alors même
qu’aujourd’hui nous sommes tous informés de l’effondrement de la biodiversité et
des bouleversements climatiques à venir. Quels sont les biais cognitifs ?
Quelles sont les expériences psychologiques, cognitives, comportementales, qui
ont été réalisées et qui permettent une compréhension de ces blocages. Il y
évoque notamment : La diffusion de la responsabilité : pourquoi moi je devrais
agir si les autres ne le font pas… Et pourtant, depuis le rapport Meadows, nous
sommes bien au courant de cet effondrement et personne n’a rien fait
jusqu’alors. (En 1972, la publication de The Limits to growth ou « rapport
Meadows », le rapport commandité par le Club de Rome démontre les limites d’une
croissance infinie dans un monde aux ressources limitées). L’impuissance acquise
: alors que j’ai tout essayé, rien ne change ou je ne vois rien changer donc je
continue de ne rien faire ou je recommence à ne rien faire. L’illusion de
connaissance : c’est la croyance apprise que les technologies ou le génie
humain, le progrès technique trouvera des solutions et que l’on n’a rien besoin
de changer. Le contexte informationnel : les modèles et les systèmes dans
lesquels on évolue et dans lesquels on apprend, c’est-à-dire le raisonnement
critique, va conditionner la façon dont on va agir. Nos biais cognitifs, la
constitution de notre cerveau (le striatum, la dopamine), nos récits… nous
confortent dans l’idée que rien ne changera, donc nous ne changeons rien. Voici
une petite illustration cinématographique, avec le film très bien pensé : «
Don’t look up : déni cosmique ». Divertissant, parfait pour les longues soirées
d’hiver.
https://www.youtube.com/watch?v=wplebVZB8FQ
Alors que faire ?
Pour engager le changement, il nous faut sans doute comprendre
que l’Humain est une espère fabulatrice, qu’il a besoin de mythes et de récits
et que toutes actions ont été précédées de récits. Alors quels récits d’un monde
nouveau et résilient souhaitez-vous raconter ? Des modèles inspirants existent :
« Demain » et « Animal » de Cyril Dion.
https://www.youtube.com/watch?v=Bk2LnbrXx_I
En systémie on s’accorde sur
plusieurs propriétés invariantes du système humain :
Le principe de totalité :
quand un élément du système change, les autres changent. Partagez généreusement
vos talents, vos compétences, vos idées de changements, petits ou grands. Soyez
le changement que vous voulez voir chez les autres, comme dirait Gandhi.
La
non-sommativité : le tout est plus grand que la somme des parties. Vous n’êtes
donc qu’une partie d’un processus plus vaste, comme la cellule nerveuse d’un
réseau neuronal. Apprenez la confiance dans les autres, cela signifie prendre le
risque de ne pas toujours tout contrôler et accepter la façon dont s’y prennent
les autres.
L’équifinalité : un même effet peut avoir des causes différentes. Si
je cherche à convaincre les autres très fortement, je vais les rebuter et ils ne
vont rien faire ; si je ne fais rien, ils ne vont rien faire non plus ! Soyez
patient, visez le juste milieu, restez inspirant plus que belliqueux ou
prosélyte. C’est avec le lien aux autres, la connexion et le respect que nous
pouvons avancer dans le changement.
L’homéostasie : le système cherche
l’équilibre et tend à se maintenir en l’état. Il faut donc force et courage pour
persister dans le changement. Il faut parfois des ruptures, des symptômes. Et ce
sont bien ces ruptures et ces symptômes qui conduisent en thérapie, … qui font
agir. Ce qui questionne…Est-ce qu’il faut vraiment attendre le point de rupture
? Est-ce qu’on n’a pas envie d’agir avant, de lutter contre nos biais cognitifs,
nos croyances ?
Protéger notre environnement c’est d’abord reconnaître que nous
en faisons partie, puis apprendre à l’aimer, et ensuite s’y relier…Et pour les
plus convaincus…se ré-ensauvager. L’anthropologue et spécialiste des populations
du Grand Nord Nastassja Martin, y fait référence dans son roman : « Croire aux
fauves ». Un ouvrage qui propose une lecture du rapport à la nature et au monde
animal.
Enfin, je souhaite partager avec vous ce chouette ouvrage du psychiatre Emmanuel
Contamin : « Les 5 cercles de la résilience ». Un incontournable. Dans cet
ouvrage, le Dr Emmanuel Contamin s’appuie sur son expérience de psychiatre
spécialiste des troubles post-traumatiques pour expliquer qu’il existe plusieurs
types de résilience, cette capacité à résister aux chocs et aux traumatismes et
à en ressortir non pas victimes impuissantes ou survivants durcis, mais comme
des vivants : la résilience personnelle, la résilience familiale, la résilience
collective, la résilience des nations et celle de l’écosystème, qui sont toutes
liées et s’influencent mutuellement. Ainsi, en améliorant l’une de ces
résiliences, c’est la résilience globale des individus et de l’écosystème que
l’on renforce, créant alors un cercle positif. Quelle source d’espoir !
Je vous souhaite une belle année, pleine de changements pour vous-même, pour vos
proches et pour le monde.
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